Le blues du chauffeur VTC

Ce matin-là, ça avait très mal commencé. D’abord le réveil qu’il n’avait pas entendu. Il faut dire qu’il avait passé la moitié de la nuit précédente, à refaire ses calculs dans tous les sens, après la MAD qui avait duré jusqu’à 23h45. Le temps de rentrer chez lui après avoir déposé ses riches clients dans un hôtel près de l’Opéra, il était 1h du matin quand il s’était couché. Les chiffres avaient tourné dans sa tête, d’un côté les dépenses, de l’autre les recettes. Quand atteindrait-il enfin ce fameux seuil de rentabilité qu’on lui promettait ? Comment pouvait-il faire mieux, alors qu’il acceptait toutes les missions qu’on lui proposait, samedi, dimanche compris ? Alors qu’il avait enfin réussi à fermer l’œil après plusieurs heures d’insomnie inquiète, la sonnerie du téléphone puis les hurlements du dispatcher qui l’avaient tiré d’un sommeil profond et largement insuffisant.

Par chance, l’avion dans lequel se trouvaient ses passagers avait 40 minutes de retard : en se dépêchant, il arriverait à temps pour remplir sa mission. Mais il avait dû supplier le dispatcher de ne pas le sanctionner en donnant la mission à un autre. Mais il se demandait si vraiment c’était une bonne chose, car en arrivant à l’aéroport, il découvrit que plusieurs voies d’accès avaient été fermées pour cause de travaux. Vingt minutes de plus que d’habitude pour arriver jusqu’au parking pro qui était totalement saturé.

Heureusement, il réussit à garer sa berline dans un petit recoin non sans avoir manqué de s’écharper avec un chauffeur irascible qui bloquait tout le monde en essayant de manœuvrer pour atteindre une place manifestement trop exiguë pour lui. En arrivant au « Point Rencontres », il tomba sur son ami et collègue Alain qui venait de se prendre une contravention pour avoir stationné en double file dans l’aire des taxis. Cela leur fit un sujet de conversation pendant qu’ils attendaient leurs clients respectifs. Les contrôles de douane avaient été renforcés ce jour-là et les clients mirent plus d’une heure à sortir. Ce qui le conduisit à annuler sa mission suivante, une MAD qui aurait duré pas moins de 6 heures au tarif fort. A cette heure-ci, la circulation était particulièrement dense, et il savait qu’il n’atteindrait jamais Paris dans les délais impartis. Décidément, quelle poisse : il commençait à se demander s’il était maudit.
Mais il n’eut pas le temps de réfléchir davantage. Ses clients étaient là, devant lui, deux touristes Américains avec des cheveux blancs, hagards de fatigue. Il mit tous ses soucis de côté instantanément pour se consacrer à ce qu’il pouvait faire à ce moment-là : accomplir sa mission le mieux possible, en veillant à la sécurité et au bien-être de ses passagers. Et après tout, il dut reconnaître qu’il appréciait particulièrement ces moments là…

Blandine Stintzy

« Le blues du chauffeur VTC« 

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Categories: Examen VTC, Legislation VTC, Métier Chauffeur VTC

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